• Pitseleh's Coffee •

   Ça me suit. Ça m'englobe et ça m'enferme. Tous les samedis, alors que je suis seule, sa force augmente et partout où je vais, je vois ces lianes et ces ronces qui me suivent, qui m'accompagnent, qui me dirigent, qui m'entourent, qui me changent, qui m'enlacent, qui me réconfortent, et en la présence d'un intrus, qui disparaîssent...

   Et ces fleurs roses avec leur œil perçant qui me regarde sans arrêt comme pour analyser chacun de mes faits et gestes. Elles courrent telles des araignées sur leur fil et me suivent aussi, encore, comme pour me protéger d'un danger, comme pour me protéger "des autres" que tout cet univers déteste tant et qu'il veut voir s'écrouler avec moi.

   Tous les soirs, très tard, ou le week-end, toutes sont présentes pour me protéger et pour m'introduire dans cette forêt. La forêt de Kitsune avec ce renard qui y erre toujours. Et moi, le regard à moitié vide, je marche lentement comme un zombie, je peux presque entendre les bruits des insectes, ou des ronces qui se déplacent.
   Et une fois arrivée au cœur de la forêt, je m'assied sur le rocher au milieu du tout petit lac, et je chante en grattant ma guitare. Peut-être que de cette façon, quelqu'un m'entendrait à l'autre bou de la forêt et viendrait me voir, même si je n'en ai pas vraiment envie au final.

   Cet écran blanc que je regarde matériellement et de façon réelle, n'éclaire qu'une petite partie de la piece dans laquelle je me trouve... Je peux donc imaginer ou même voir à nouveau ces végétaux contre les mur qui sont tout autour de moi.

   Si je fais mon autopsycanalise (si c'est comme ça que ça s'écrit), je dirais que ces ronces, ces lianes m'entourent pour me préserver des autres gens, pour me protéger d'eux et me tenir à l'écart d'eux. Les fleur me regardant, seraient là pour me surveiller afin que personne ne vienne déranger ma quiétude et ma tranquillité. Tout ça créant la forêt, c'est un endroit, un de "ces" très nombreux endroits où je me réfugie pour avoir un "chez moi" dont je suis sûre.

   Il y aura eu l'arbre au milieu de l'océan dans lequel j'étais assise, la grande rue aux nombreux cafés avec toutes ces chaises sur les trottoirs le tout en noir et blanc, ce champ avec ces arbres fleuris où je danse, le port où il pleut, très récemment le pommier solitaire au milieu de la grande prairie non loin de la mer (ces images défilent dans ma tête comme dans un film)... et j'en passe parce que je suis loin d'avoir fini. Nombre de lieux ont été fabriqués de toutes pièces pour que je puisse y aller et m'y détendre. cela fait déjà un petit bout de temps que cet endroit est la forêt. Il y a eu le pommier il y a quelques jours mis ce soir c'est encore cette forêt.

   Au fond je crois que j'aime ça.